Les huiles essentielles
Choix, utilisation, toxicité, précaution emploi
L’aromathérapie est une branche à part entière de la
phytothérapie, elle se définit comme l’usage des huiles essentielles
(HE) des plantes médicinales aromatiques dans un but thérapeutique.
Depuis des milliers d’années, de nombreuses civilisations de part le
monde ont montré un intérêt manifeste pour les plantes aromatiques en
médecine, en cuisine et parfumerie.
En France, au XXème siècle des
médecins, des chercheurs et des pharmaciens ont permis à l’aromathérapie
scientifique de sortir de l’oubli : Gattefossé, Sevelinge, Valnet,
Durrafourd, Lapraz, Belaiche, Franchomme, Baudoux. La réputation,
l’efficacité et l’extraordinaire richesse des huiles essentielles n’ont
plus à être démontrées pour ceux ou celles qui les utilisent.
L’aromathérapie n’est pas une médecine douce, car
dans des mains inexpérimentées, elle peut être toxique, même si cette
notion de toxicité va de pair avec celle de l’efficacité, seule la dose
déterminera la nature de l’action.
Pour cette raison, il est
essentiel que cette étonnante thérapeutique soit enseignée par des
professionnels de santé ou par des scientifiques universitaires et
pratiquée par des thérapeutes compétents.
I. Obtention des huiles essentielles
Les huiles essentielles sont des principes volatils et odoriférants secrétés et excrétés par les plantes aromatiques.
L’expression : cette méthode concerne les rutacées et permet d’obtenir les essences de zestes : citron, orange, bergamote…La distillation par entraînement à la vapeur d’eau permet d’obtenir l’huile essentielle et l’hydrolat ou eau florale.
Source : ©Pranarom
Les rendements : Ils sont variables d’une espèce à l’autre. Le prix des huiles essentielles est en relation directe avec la quantité de plante nécessaire pour l’obtention de l’huile essentielle correspondante…Il faut de 4000 kg de pétales pour obtenir 1 kg d’huile essentielle de rose de Damas
Il faut de 5000 à 10000 Kg de plante pour obtenir 1 kg d’huile essentielle mélisse citronnelle vraie.
(Méfiance si vous trouvez ces huiles essentielles à bon marché.)
II. Comment juger de la qualité des huiles essentielles ?
L’engouement pour l’aromathérapie a propulsé sur le marché des HE d’origine diverses et de qualité incertaine. La facilité d’achat de ces HE, sans garanties et souvent sans conseils d’utilisation, fait encourir à l’utilisateur des risques d’inefficacité, et l’apparition d’effets secondaires plus ou moins graves.
1- La plante Son origine : authentiques produits de la nature, les HE doivent être obtenues à partir de plantes sauvages ou issues de la culture biologique. Les plantes sauvages fournissent des HE de qualité exceptionnelle, elles auront une activité biologique et énergétique bien supérieures aux plantes biologiques.La certification botanique : l’appellation de la plante doit préciser le genre, l’espèce, la sous espèce, la partie utilisée afin d’empêcher toute erreur issue des noms communs : Exemples :
la Marjolaine, il existe la marjolaine des jardins ou à coquilles = Origanum majorana et la Marjolaine d’Espagne ou Thymus mastichina.
Hysope officinale : Hyssopus officinalis ssp officinalis contient des cétones neurotoxiques, Hyssopus officinalis var.decumbens contient peu de cétones.
La provenance : il en est des huiles essentielles comme des vins ; il y a des grands crus d’une huile essentielle comme il y a des grands crus de vins ! Ainsi le terroir où a poussé une plante détermine en grande partie la qualité de l’essence qu’elle produit.
Le mode de cueillette (à la main), le stade floral, la période de la journée ou sera cueillie la plante, de tous ces paramètres résulteront la qualité et la composition de l’huile essentielle.
2 – L’extraction La distillation : c’est un savoir ancestral. Cette extraction nécessite une connaissance parfaite de la plante aromatique car chaque plante a ses caractéristiques, donc des températures de chauffe, de pression et des temps de distillation différents permettant de recueillir l’ensemble des fractions de « tête » et de « queue » des molécules aromatiques.
Certaines molécules thérapeutiques sont en fin de distillation, la distillation se prolongera donc tant que la plante rend des fractions aromatiques. Il faut parfois 2 à 3 heures de distillation supplémentaire pour obtenir cette petite fraction de molécules thérapeutiques. Le résultat est l’obtention d’une huile essentielle exceptionnelle.
Le stockage : Les huiles essentielles sont stockées à l’abri de l’air, de la lumière et de la chaleur.
3 – L’huile essentielle L’huile essentielle doit être 100% naturelle, c’est-à-dire non dénaturée par les mêmes huiles de synthèse.L’huile essentielle doit être 100% pure, c’est-à-dire non mélangée ou coupée avec d’autres huiles essentielles proches mais moins chères (ex : Lavande et lavandin.)
L’huile essentielle doit être 100% totale, c’est-à-dire posséder toutes les molécules traces, quelques fois fortement actives. Pour définir la présence et le pourcentage de chaque type de molécules, il existe des moyens de contrôles : La chromatographie en phase gazeuse. Cette technique permet d’identifier chacun des composants aromatiques(souvent très nombreux) d’une huile essentielle.
La spectrométrie de masse : elle donne la quantité en pourcentage de chaque molécule identifiée et offre ainsi la certitude d’un produit naturel sauvage ou biologique. Ces contrôles sont indispensables pour connaître les propriétés des HE, de même, la traçabilité des HE du producteur au consommateur est importante et permet la pharmacovigilance.
4 – Le chémotype
Une notion essentielle en aromathérapie.
Une
même variété de plante peut donner une HE de nature extrêmement
différente selon l’endroit où elle pousse, le moment de sa récolte et le
procédé d’extraction mis en œuvre.
Ainsi, deux plantes de même nom, peuvent sécréter des essences, dont les composants et les proportions des ces composants, présenteront des différences plus ou moins importantes.
Pour différencier les huiles essentielles extraites de chacune de ces plantes, on utilise le terme de « chémotype » signifiant tout simplement « type chimique ». Les différences existantes entre 2 chémotypes d’une même huile essentielle peuvent être extrêmement importantes et changer du tout au tout la propriété chimique ou biologique de l’huile essentielle.
Exemple :
– L’huile essentielle de romarin à verbénone est réputée pour le foie et la vésicule biliaire.
– L’huile essentielle de romarin à camphre est toxique pour le foie.
III. Comment utiliser les huiles essentielles ?
Ce sont des substances très puissantes et très actives. Il ne sera pas nécessaire d’utiliser de grandes quantités.
Les voies d’administration En usage interne La voie sublinguale a une action rapide, on utilisera les huiles essentielles non irritantes sur un support : comprimés neutres, teintures mères, huiles végétales, miel, sirop d’érable, les supports sucrés sont à éviter si les prises sont répétées et si diabète.La voie orale, sous forme de gélules ou capsules molles, mais aussi sous forme de gouttes.
La voie rectale est la voie royale, surtout chez l’enfant, par sa rapidité d’action et son efficacité. Seuls les pharmaciens sont habilités à préparer des suppositoires.
La voie vaginale sous forme d’ovules.
En usage externe (efficace et bien tolérée) La voie cutanée : la moins toxique, la plus rapide
Les huiles essentielles liposolubles pénètrent facilement les différentes couches cutanées avant de diffuser dans la microcirculation périphérique, puis dans la circulation sanguine générale.
Les HE s’appliquent à l’état pur ou diluées dans une huile végétale sur la peau : sur le pli du coude et / ou sur la face interne des poignets ou sous la plante des pieds.
Sous forme de lotion, poudre, pommade ou gel.
Les huiles essentielles peuvent s’appliquer sur la peau directement, mais à plusieurs conditions : Eviter les huiles essentielles photosensibilisantes, dermocaustiques, allergisantes.
Eviter les muqueuses
Eviter les peaux hypersensibles et allergiques.
Les massages :
Les HE sont mélangées à des huiles végétales. Les HE
ont une action symptomatique et psychosensorielle. Le massage détend et
favorise la circulation du sang donc la diffusion des HE
Ils sont surtout employés dans les cas suivants :
Troubles nerveux important
Troubles de la circulation, cellulite
Dans le bain, les HE passent par la peau et par la voie respiratoire, elles ne seront jamais utilisées pures mais mélangées à une base pour bain ou a un jaune d’œuf cru
La diffusion atmosphérique :La microdiffusion des huiles essentielles permet de purifier, de
désinfecter, d’éloigner des insectes, de créer une atmosphère relaxante
ou tonique.
Un bon diffuseur ne doit pas chauffer les HE, la chaleur dénature les molécules aromatiques et détruisent leurs propriétés.
IV. Toxicité et précaution d’emploi des huiles essentielles
L’huile essentielle est un produit noble et puissant dont l’emploi n’est pas anodin. Elles doivent être maniées avec précaution. Des surdosages ou des emplois non contrôlés peuvent être à l’origine d’accidents parfois graves…
Toxicité
Toute substance thérapeutiquement active est potentiellement toxique, tout dépendra de la dose unitaire, journalière, de la voie d’administration, de l’état du patient.
Les HE peuvent être responsables d’effets secondaires.
Le seuil de toxicité dépend de chaque huile essentielle.
Propriétés photosensibilisantes et allergisantes Photosensibilisantes
toutes les essences des zestes : citron, orange, pamplemousse,
bergamote, verveine ; On évitera toute exposition solaire pendant les 24
heures suivant l’application.
Allergisantes : certaines huiles seront testées chez les personnes sensibles.
Propriétés neurotoxiques et abortives
Ce sont les huiles essentielles contenant des cétones, elles sont à proscrire chez l’enfant, la femme enceinte et allaitante, et chez les personnes neurologiquement fragiles. L’ingestion massive de ces huiles essentielles peut entraîner des crises épileptiformes et tétaniformes, des troubles psychiques et sensoriels nécessitant une hospitalisation.
Propriétés hépatotoxiques
Les huiles essentielles riches en phénol, utilisées sur de longues périodes et à doses élevées, peuvent présenter une toxicité au niveau du foie.
Propriétés néphrotoxiques
L’absorption par voie orale sur de longues périodes de certaines huiles essentielles peut enflammer et détériorer le rein.
Propriétés dermocaustiques
Les huiles contenant des phénols seront diluées dans une huile végétale car elles sont très irritantes pour la peau et les muqueuses.
La vente de certaines huiles particulièrement toxiques est légiférée.
Huiles
essentielles dont la délivrance est réservée au pharmacien (décret du
03/08/07) : petite et grande absinthe, armoise commune, armoise blanche,
armoise arborescente, hysope officinal, sauge officinale, tanaisie,
thuya du Canada ou cèdre blanc, cèdre de Corée, sassafras, sabine, rue,
chénopode vermifuge, moutarde de jonciforme.
Conseils :
– Ne pas utiliser des HE sur du long terme même à faible dose, ou
bien prévoir des fenêtres thérapeutiques (1 semaine d’arrêt pour 3
semaines de traitement)
– La toxicité chronique des HE est mal connue, surtout dans le cadre de pratique de l’aromathérapie
– Assurez vous qu’il n’y ai pas d’incompatibilité avec un traitement médicamenteux
V – Précautions d’emploi Les 3 premiers mois de toute grossesse interdisent l’emploi des HE. Seuls un médecin ou une sage-femme aromathérapeute prendra la responsabilité de prescrire des HE pendant une grossesse.
Les personnes allergiques et à la peau ultra-sensible réaliseront un test de tolérance en appliquant quelques gouttes (1 chez l’enfant) d’huile essentielle sur le pli du coude. En cas d’intolérance, une réaction cutanée (irritation, rougeur) sera visible en une dizaine de minutes.
Après massage ou application cutanée, il convient de toujours se laver les mains.
Ne jamais injecter d’huile essentielle par voie intraveineuse ou intramusculaire.
Ne pas laisser les flacons à la portée des enfants. Certaines HE sont pour eux des poisons mortels en cas d’ingestion.
Le nez, le conduit auditif, les zones ano-génitales ne peuvent jamais être l’objet d’application d’HE pures. Une dilution de 5% d’HE dans une huile végétale autorisera l’application sur ces muqueuses sensibles. En cas de contact accidentel avec ces muqueuses sensibles, il convient de rincer à l’eau puis appliquer une compresse imprégnée huile végétale (olive, amande douce).
L’œil ne pourra jamais recevoir d’huiles essentielles, même diluées. Seuls les hydrolats seront employés en compresses oculaires ou en bain d’yeux. Si quelques gouttes sont tombées dans l’œil, lavez le plus vite possible avec de l’eau fraîche pendant 2 mn. Placez une compresse imprégnée huile végétale (olive, amande douce) dans l’œil afin de diluer le tout.
En cas d’absorption ou d’instillation accidentelle, ingérer ou appliquer une huile grasse pour diluer l’HE (olive, tournesol ) puis adressez-vous au centre antipoison.
Éviter l’exposition solaire dans les heures qui suivent l’application d’une huile essentielle photosensibilisantes (zestes d’agrumes).
Bains : les huiles essentielles doivent impérativement être diluées dans un support approprié avant de rejoindre l’eau du bain. Insolubles dans l’eau, elles resteraient à la surface, risquant d’irriter la peau.
L’huile essentielle de menthe poivrée ne s’applique jamais sur une surface étendue en raison de la réaction glacée qu’elle provoque, elle est strictement contre-indiquée pour les femmes enceintes et allaitantes ainsi que pour le bébé de moins de 30 mois.
Hormis quelques exceptions les HE ne s’appliquent pas pures sur la peau, mais diluées dans une huile végétale.
Cas particulier des enfants et des bébés :
Respectez la posologie indiquée, 1 goutte, c’est une goutte, les huiles sont extrêmement puissantes.
Ne pas remplacer une huile par une autre sans l’avis d’un professionnel. Chaque HE posséde une composition trés spécifique.
Interdiction d’administrer des HE par voie orale chez les enfants de moins de 3 ans sauf avis médical.
L’huile
essentielle de menthe poivrée ne s’applique jamais sur une surface
étendue en raison de la réaction glacée qu’elle provoque, elle est
strictement contre-indiquée pour les femmes enceintes et allaitantes
ainsi que pour le bébé de moins de 30 mois.