les bienfaits des plantes
Les plantes constituent depuis la nuit des temps une source
toujours plus variée de remèdes, et encore aujourd’hui elles n’ont pas fini de
nous livrer tous les secrets de leurs formidables ressources thérapeutiques. On
oppose souvent les médicaments classiques, c’est à dire chimiques à la
phytothérapie et pourtant de nombreuses molécules, utilisées en médecine
allopathique, sont issues du règne végétal :
la morphine, antalgique majeur,
est extraite du pavot,
la quinine, antimalarique
universel, provient du quinquina,
plus récemment l’if a donné
naissance à des médicaments anticancéreux ...
Aujourd’hui les antibiotiques sauvent de nombreuses vies, les nouvelles chimiothérapies guérissent les maladies graves comme le cancer, mais l’utilisation de ces médicaments toujours actifs se heurte à une toxicité et des effets secondaires grandissants : on estime que 10 à 20% des hospitalisations sont dues aux effets secondaires des médicaments (iatrogénie). Face à la résistance de plus en plus fréquente des antibiotiques, les pouvoirs publics incitent les médecins à moins les prescrire, et dans le domaine infectieux, les huiles essentielles et les plantes immunostimulantes seront une alternative efficace. De même, l’Afssaps déconseille l’emploi systématique du THS (Traitement Hormonal Substitutif), les phytohormones issues des plantes ont un rôle certain à jouer.
1. Historique
Aussi loin que l’on remonte dans le temps, on trouve trace de la phytothérapie. Le plus ancien recueil de plantes connu avec plus de 700 drogues végétales, remonte à l’époque de Ramsès, soit 24 siècles avant notre ère, et les hommes s’en servaient pour soigner les maladies les plus bénignes, comme les plus graves. C’est à partir du 19 siècle que l’on s’est intéressé à la chimie des plantes, en isolant de plus en plus de principes actifs au dépend de l’usage de la plante totale, pour avoir une action plus rapide et plus nette. Cette efficacité étant accompagnée de toxicité et de contre-indication dangereuse, les scientifiques sont revenus au 20ème siècle à l’usage des plantes entières.
Actuellement, la phytothérapie connaît un renouveau remarquable
comme le montrent les nombreuses publications scientifiques, et les progrès de
cette recherche ont permis d’enrichir la phytothérapie de plantes nouvelles, porteuses
d’espoir pour de nombreuses maladies. A travers le monde entier, des
éthnopharmacologues travaillent sur le terrain pour identifier les plantes et
authentifier le savoir populaire.
2. Mode d’action
Les principes généraux d’une
stratégie phyto-thérapeutique :
- respecter les processus naturels de guérison,
- ne pas se substituer à l’organisme
dans sa lutte contre la maladie, au contraire l’aider et le soutenir en
stimulant certaines fonctions physiologiques.
- ne pas réprimer brutalement un symptôme, bien évidemment en dehors de
l’urgence. Un symptôme est la partie visible et gênante d’un ensemble de
dysfonctionnements.
La phytothérapie trouve toute sa place dans l’accompagnement de
pathologies mineures, aigues ou chroniques. Elle s’inscrit également dans la
prévention active, c’est à dire que son action en douceur et en profondeur
stimule les réactions normales de défenses de l’organisme, en respectant
l’équilibre de chacun.
Les différentes voies de la
phytothérapie :
phytothérapie symptomatique,
phytothérapie de drainage
phytothérapie de terrain qui
fait intervenir : le psychisme, le système
neuro-végétatif, l’état d’intoxication et d’encrassement de
l’organisme, l’état des organes, le fonctionnement des glandes
endocrines (thyroïde, surrénales, hypophyse, ovaires etc.)
- La récolte : si la cueillette des plantes sauvages permet d’obtenir certaines, elle peut s’accompagner d’inconvénients, en particulier une valeur médicinale très inégale et de nombreuses falsifications. C’est pourquoi la culture, chaque fois qu’elle est possible, procure des plantes sélectionnées pour leur haute teneur en principes actifs, contrôlées à tous les stades de leur croissance, récoltées au moment le plus favorable puis stockées dans de bonnes conditions par des professionnels directement concernés par un souci de qualité. De plus, la mise en culture quant elle est possible, permet d’éviter le pillage de ce merveilleux réservoir de richesse qu’est la nature.
- La
préparation : l’identité
et la qualité de la matière première végétale doivent être définies avec
précision et nécessitent de nombreux contrôles. Elles doivent satisfaire aux
exigences de la pharmacopée européenne. Les dosages en principes actifs vont
refléter l’activité de la drogue et déterminer sa qualité pharmaceutique,
plusieurs éventualités peuvent se présenter :
- plantes à constituants bien définis : la quinine, le séné...
- plantes à groupes de substances actives : chardon marie, millepertuis...
- plantes à constituants auxquels il est difficile, voire impossible
d’attribuer l’activité scientifique revendiquée, on choisit alors des traceurs
comme référence : valériane, orthosiphon...
Le totum végétal :
C’est l’ensemble des constituants de la plante qui contribue à son activité
avec une partie active et une partie non active (la cellulose).
Il est nécessaire de tenir compte de la notion de complémentarité, de synergie voire de potentialisation entre les divers composants d’un végétal. L’action du ou des principes actifs majeurs est renforcée par les autres composants de la plante.
Même si le totum de plante est intéressant, la
phytothérapie ne se limite pas au totum et utilisera toutes les formes
galéniques à sa disposition.
Voici l’avis du Docteur Arnal - Schnebelen (médecin gynécologue,
responsable du DU de phytothérapie à Bobigny) : « Si une substance naturelle
isolée du végétal, comme souvent en allopathie, n’est plus de la phytothérapie,
un groupe de constituants d’origine végétale ayant subi plusieurs étapes
d’extraction sélective ou purification est toujours de la phytothérapie ! »
Les formes galéniques le plus souvent rencontrées sont fonction de la composition de la plante, la vie moderne et ses impératifs ont poussé les pharmacologues à proposer au public des produits non seulement efficaces, mais aussi pratiques et faciles à l’emploi.
Avec la même plante ou la même
partie de plante, on peut fabriquer toute une série de dérivés que l’on peut
classer selon la méthode employée :
- par traitement mécanique : plantes en nature, poudres végétales
- par traitement par l’action de la chaleur : huiles essentielles,
goudron, charbon
- par action dissolvante d’un ou plusieurs solvants : teintures, teintures
mères, tisanes
- par concentration des solutions extractives précédentes : extrait
fluides, mous, secs, nébulisats
Le choix de la méthode d’extraction doit être « intelligemment » réfléchi, il sera adapté à l’usage que l’on veut faire du produit obtenu. Les principaux solvants sont l’eau et l’alcool, et selon le solvant utilisé, les molécules actives se retrouverons ou non dans le produit fini.
La tisane
Elle contient les principes actifs
solubles dans l’eau. Elle est intéressante
lorsque :
- les principes actifs sont fragiles et situés dans un organe délicat comme les
fleurs ou les pétales.
- pour les plantes aromatiques quand nous recherchons les principes actifs
solubles dans l’eau mais aussi les huiles essentielles
- Quand il n’existe pas d’autres formes galéniques. Ex : l’aubier de tilleul,
la tisane en décoction est la meilleure forme galénique
La poudre de
plante
La partie de la plante utilisée
(racine, tige, fleurs, écorce, graine, fruits...) est séchée et broyée ou
cryobroyée pour être réduite en poudre. Les
poudres apportent une grande souplesse à l’utilisation des plantes. Elles sont
riches en principes actifs, mais ces actifs sont dilués dans une grande
proportion de cellulose, et dans certains cas, cela nécessite une posologie
élevée pour obtenir une action thérapeutique. De même la poudre s’oxyde
facilement, il donc est conseillé d’utiliser des poudres de plantes fraîchement
fabriquées :
- La poudre de plante est à privilégier lorsque l’on cherche une action
reminéralisante par ex pour la prêle, le lithothamme, l’ortie
- Elle a un intérêt lorsque les principes actifs sont très agressifs pour la
muqueuse digestive,
- On préférera des préparations réalisées à partir de plantes fraîches par ex
quand le séchage élimine certains principes actifs comme pour les plantes à
huiles essentielles ou à flavonoïdes telles que la bardane, le mélilot
Les extraits
aqueux de plante
Sont des formes liquides sans alcool
obtenues par macération, infusion décoction et pression, ils contiennent les
principes actifs solubles dans l’eau.
Les teintures
mères ou extraits hydro-alcooliques
Elles sont obtenues par macération
dans de l’alcool à différents titre de plantes fraîches. Elles contiennent les
principes actifs solubles dans l’eau et dans l’alcool. Elles servent de préparations aux
remèdes homéopathiques.
Elles sont concentrées en principes actifs. Cependant elles renferment entre 40 et 60 degrés alcoolique donc cette forme est peu recommandée aux personnes sensibles, aux enfants, aux femmes enceintes. Elles sont plutôt adaptées au traitement de longue durée.
Les suspensions
intégrales de plantes fraîches (SIPF)
Le procédé SIPF permet de conserver
l’intégralité des constituants actifs de la plante fraîche. Les plantes utilisées
sont cultivées biologiquement. La plante fraîche est cryobroyée puis mise en
suspension dans de l’alcool à 30°.
C’est une forme liquide obtenue à partir de plantes fraîches cryobroyées, subissant une extraction à l’eau et à l’alcool à différents degrés. La « pâte » obtenue contenant les principes actifs est disposée dans de la glycérine. Le produit fini ne contient pas d’alcool.
Les extraits
fluides glycérinés miellés
Ils sont obtenus par macération de
plantes fraîches dans 3 solvants : eau, alcool, glycérine. Ils sont peu concentrés en alcool
(autour de 15 degrés). Ils ont un goût agréable et sont très faciles d’emploi
notamment chez les enfants et les personnes âgées ou fragilisées.
Macérats
glycérinés de bourgeons ou de jeunes pousses
Peu concentré, leur richesse en
facteurs de croissance et en hormones végétales leur confère des propriétés
« exceptionnelles ». Ils sont à la base de la gemmothérapie. Formés
principalement par des tissus embryonnaires, ils renferment toute la puissance
et l’énergie de la future plante. Ils contiennent les propriétés des fleurs, de
fruits et des feuilles ce qui expliquent leur grande efficacité d’action.
Les extraits
La plante sèche est réduite en
poudre et subit une macération ou une lixiviation qui permet l’extraction des
principes actifs. Cette solution subit une évaporation du solvant (alcool et /
ou eau) jusqu’à la concentration souhaitée. On obtient selon le degré
d’évaporation du solvant :
- les extraits secs, ils
subissent une évaporation totale du solvant, ils sont très concentrés en
principes actifs. C’est la forme
de choix quand on recherche une action rapide et efficace,
- les extraits mous : ils renferment 10 à 20 % d’eau,
- les extraits fluides.
Le
rapport d’extraction il
n’est pas obligatoire mais comme cela se fait en Allemagne, il est aussi tout à
fait souhaitable que le rapport d’extraction soit systématiquement indiqué. Ce
rapport d’extraction est indispensable pour comparer les différentes formes
galéniques entre elles. Il est établi à partir de la poudre de plante sèche qui
sert d’étalon :
- pour la teinture mère il est de 1:10 c’est à dire que 10 g de teinture mère
équivaut à 1 g de poudre
- pour le macérat glycériné il est de 1:20
- pour l’extrait fluide, il est de 1:1 c’est à dire que 1g d’extrait fluide
équivaut à 0,1 g de poudre - pour l’extrait sec il est en moyenne de 5:1, mais
il peut aller de 2 à 60.
Le titrage des principes actifs détermine une teneur déterminée et constante en une substance active ou en marqueurs. Dans certaines plantes on a identifié les composants auxquels elles doivent leur activité pharmacologique. On a pu déterminer dans quelle proportion ils devaient être présents dans l’extrait pour que ce dernier soit efficace. Ex : chardon marie titré en silymarine.
Les marqueurs ou traceurs quand on ne connaît pas le ou les substances actives, on se sert alors d’une molécule qui caractérise cette plante. Cela permet d’établir une norme et permet de dire que l’extrait renferme bien la bonne plante dans une bonne concentration. Ex : le millepertuis dont le marqueur est l’hypéricine, mais dont l’effet antidépresseur est dû à un ensemble de substances : hyperforine, rutine, cette dernière active l’effet.
La standardisation elle sert à garantir la reproductibilité de la qualité pharmaceutique d’un phytomédicament. Standardiser signifie uniformiser la qualité à toutes les étapes de fabrication, depuis la drogue de départ (origine, procédés de culture, partie de plante, identité, pureté, teneur) jusqu’à l’extrait, de manière à aboutir à un extrait standard défini.
En résumé la
phytothérapie comme on le voit trop souvent, ne se limite pas à la poudre de
plantes sous forme de gélules. Toutes les formes galéniques sont intéressantes.
Le choix du produit sera fonction :
- de l’effet recherché : effet rapide souhaité dans l’aigu par exemple, ou
effet sur du long terme
- de la composition de la plante. Par exemple pour profiter de la richesse en
minéraux de la prêle on préférera la poudre de plante
- du terrain de la personne et de son état physiologique (enfant, femme
enceinte, personne âgée). Une forte dose n’est pas obligatoirement judicieuse,
surtout sur un terrain très intoxiqué
- du goût et de la facilité d’emploi
On trouve actuellement de nombreux produits associant plantes et nutriments : c’est la phytomicronutrition. Ces produits sont intéressants car les constituants agissent en synergie. Ils permettent une action naturelle sur les symptômes et sur le terrain.
Quelques conseils
♦ s’assurer de la crédibilité du fabricant et de ce fait de
la qualité des produits
♦ apprendre à lire les étiquettes qui doivent mentionner :
- le nom de la plante en latin et la partie utilisée ;
- la liste complète des ingrédients ;
- la posologie et le mode d’emploi ;
- les contre-indications, mises en garde, effets indésirables,
interactions, s’il y a lieu ;
- les coordonnées du fabricant et le numéro de lot assurant la
traçabilité du produit
♦ connaître la composition du produit : savoir si l’on a à faire à des
poudres, des extrait secs, quel est le dosage exact ;
♦ Adapter la posologie
- à la personne (poids, état physiologique)
- à la forme galénique : la posologie d’un extrait aqueux ne sera
pas la même que celle d’un extrait hydro-alcoolique du fait de la concentration
en principes actifs ;
♦ penser à faire des pauses
thérapeutiques.
La phytothérapie, médecine d’un passé très ancien, est sans
doute une médecine d’avenir, qui laisse la porte ouverte à de bien nouvelles
découvertes encore. Elle a été et reste la médecine la plus employée dans le
monde.
Si les plantes sont des outils naturels et puissants il faut garder à l’esprit que tout
ce qui est naturel n’est pas forcément bon pour la santé : des plantes
sont contre indiquées dans certains états physiologiques ou incompatibles avec
certains médicaments, d’autres utilisées à mauvais escient peuvent entraîner
divers troubles, aggraver des dysfonctionnements.
Profitant du manque d’éducation du grand public en matière de phytothérapie, on lui fait avaler n’importe quoi, de la gélule vide de molécules actives, à la prise de plantes non appropriée au besoin. La phytothérapie nécessite une connaissance approfondie des plantes et le recours à un diagnostic médical lorsque les troubles persistent est essentiel pour éviter des accidents dus à une auto médication inadaptée.
L’équipe Nutrimenthe
Bibliographie :
- Plantes thérapeutiques - Max Wichtl - Robert Anton
- Traité de phytothérapie clinique -C.Durrafourd - J.C Lapraz
- Phytothérapie - Dr Jean Valnet
- La phytothérapie Européenne n°36
- Alternative santé Hors série n°28
Les informations de ce document ne peuvent en aucun cas être considérées comme un avis médical ou comme des conseils individualisés. En conséquence, nous vous invitons à vous rapprocher de votre médecin ou professionnel de la santé.